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jeudi 28 avril 2011

#50 - Saint Cirgues

Quand j'étais petit, à part la Provence et l'Espagne, il existait une dernière destination fétiche pour ma famille :

SAINT CIRGUES

St Cirgues est un bled perdu, et quand je dis perdu c'est vraiment PERDU de chez PERDU, au fin fond de l'Auvergne. Mes grands parents y avaient acheté une maison secondaire, et ils nous la prêtaient bien volontiers.
Et moi, en tant que petit garçon, j'étais toujours hyper content d'y aller, car qui disait " Saint Cirgues " disait " aventures ".

Et l'aventure, tu la vivais déjà sur le trajet, une fois arrivé au pieds du massif central. La petite route qui serpentait dans la montagne était tellement raide que tu avais l'impression de te taper le chemin en varap' depuis ton siège.

Comme à chaque fois, je demandais à ce qu'on me raconte la terrible histoire de l'auberge de Peyrebeille ( se prononce peyrebel ), pour me mettre dans l'ambiance.
Vous la connaissez tous, il y a d'ailleurs eu plusieurs adaptation cinématographique dont une avec Fernandel et l'autre, plus récente, avec Jugnot. Le film se nomme " L'auberge rouge ". Et si vous ne la connaissez pas, je vous invite à vous renseigner ... c'est parfaitement sordide !

Pour le petit garçon que j'étais à l'époque, déjà bien chargé en imagination, entre l'histoire de l'auberge dans laquelle on assassine à tours de bras, le précipice sur la gauche de cette route sinueuse et les grandes forêts de pins noirs à l'horizon, il y avait de quoi arriver à bon port dans un état de sur-excitation intense.

Alors, à propos de Saint Cirgues, il est à noter que l'endroit est tellement perdu qu'il est coupé du monde en hiver. Du coup, nous n'y allions qu'au printemps ( à mon grand regret d'ailleurs, moi qui me voyais déjà batailler contre des hordes de brigands sanguinaires sous une lune blafarde devant la baraque isolée et couverte de neige pour défendre ma maman ).

Il faut dire que c'était préférable pour qui ne voulait pas mourir de froid : le chauffage n'était qu'une vague notion symbolisée par une cheminée antique, et le chauffe-eau s'allumait à l'allumette à côté de la douche, à la cave ( oui, curieusement ).
Autant dire qu'au mois de Janvier, ouvrir l'eau du robinet de la douche revenait à te mettre à poil sous le distributeur à glaçons d'un frigo américain et à appuyer sur le bouton.

Malgré tout, la maison, loin d'être isolée comme dans mes fantasmes de cape et d'épée, donnait sur la grande rue ( ah ah ah ), unique vraie rue du village, en fait, plus souvent empruntée par des troupeaux de vaches que par des voitures.

Je me souviens qu'un des seuls véhicules à passer par là était la supérette à moteur, une vieille camionnette amenant la civilisation à ce village paumé. Baguettes de pain, piles, jambon, savon et journaux du jour pouvaient y être achetés... c'était un peu l'attraction du moment.

L'après midi, nous partions parfois ramasser les mures, quand c'était la saison, pour que ma mère nous fasse de super tartes.
Question con : COMMENT RAMASSE-T-ON LES MURES ?

Alors c'est simple, tu ne te tapes pas les bosquets à la main, sinon ta tarte, tu te la fais 8 jours plus tard. Non, tu prends une sorte de râteau en bois et vas y Janette, ratisse les muriers. Ça prends quand même 3 plombes, aussi chacun y met du sien.
Ce n'est pas sans une certaine inquiétude que je m'éloignai ( un peu ) de mes parents. Ainsi, seul avec mon petit rateau, j'observai les ombres danser entre les pins gigantesques, m'immobilisant à chaque bruit étrange, le souffle court, m'attendant à tout instant à voir surgir la bête du Gévaudan de derrière un arbre.

Car, j'en étais persuadé, elle viendrait bien un jour ou l'autre, et ce jour là, je lui flanquerai un coup de râteau sur le museau !

Mais elle ne venait évidemment jamais, et c'est un peu déçu que je retournai à la voiture au moment du départ, ma déception bien vite effacée avec une part de tarte fumante noyée sous sa couverture de chantilly ( maison, s'te plait ).

Alors pourquoi je vous raconte tout ça ? C'est pour en arriver à un élément ESSENTIEL de ces vacances, à savoir ... la pêche.

Parfaitement ! Et les mauvaises langues qui diront qu'on se fait chier à pêcher ne sont que des ignorants, pêcheurs du dimanche. C'est vraiment la grande aventure.

Le matin, mon père se levait tôt, et j'entendais le parquet craquer sous ses pas ( pourtant, il se déplaçait comme un ninja ). Et parfois, il ouvrait la porte de la chambre ou ma soeur et moi nous dormions et chuchotais  : " K, tu dors ? Tu veux venir avec moi ? "

Forcément, je ne dormais jamais; ça faisait déjà deux heures que j'attendais le grand moment, en espérant qu'il me propose de participer à son escapade solitaire.

Et c'est comme ça que partaient silencieusement les deux hommes de la famille, le grand de 40 ans et le petit de 10.

Nous pêchions la truite en rivière. Et la truite, pour ceux qui ne savent pas, est un poisson EXTREMEMENT MEFIANT. Pour ne serait-ce que pouvoir mettre son hameçon à l'eau sans que toutes les spécimens des environs se soient barrés à la vitesse du son, il faut avoir la capacité de se faxer entre un arbre et sa mousse. En gros, l'approche de la rivière est plus importante que la qualité de ton appât, et tu dois te faufiler dans la végétation, tel un maquisard armé d'une canne à pêche.

On notera que c'est toujours à ce moment que la limace vicieuse se faufile sous ta botte, t'envoyant valser dans les ronces, ou mieux, à plat ventre les deux mains dans la rivière, la vidant ainsi de ses poissons à 300 mètres à la ronde.

Avec du recul, je me dis que mon père est quand même doué d'une patience sans limite. Je me souviens le nombre de fois où je lui ai pourri ses sorties matinales en atterrissant comme une merde dans la flotte, ou en implorant son aide à grand renfort de cris stridents, le suppliant de m'extirper de sables mouvants mortels ( 5 cm de boue ) dans lesquels j'avais eu la bonne idée de planter mes bottes et où je me voyais déjà finir ma ( trop ) courte existence.

Cependant, j'étais toujours heureux de ces échappées entre hommes, découvrant de nouvelles choses incroyables à chaque sortie, et ramenant fièrement à la maison des poissons que j'avais péché, poissons que ma mère, éblouie, appelait avec bienveillance " de gigantesque truites saumonées " et qui tenaient probablement plus du goujon que du saumon.

De toutes ses aventures vécues au fond des bois, au bord de la rivière, il en est une qui restera dans ma mémoire, ce jour merveilleux ou mon père et moi changeâmes de tactique de pêche pour devenir " les pêcheurs au serpent " !

Oui, parce qu'en plus de toutes les difficultés rencontrées lors de ces expéditions " Kho-lantesques", ma plus grande crainte était de tomber sur un serpent, qu'il soit vipère, ou couleuvre. Et ça arrivait de temps en temps.
Les connaisseurs te diront qu'on peut aisément différencier la vipère de la couleuvre, notamment à la forme de la tête. Moi je dis que lorsque tu es assez prêt pour observer la particularité crânienne d'un serpent, c'est que tu es déjà trop prêt et que tu as tout intérêt faire demi tour et à prendre tes jambes à ton cou.

Ce jour là, après m'être pris les pieds dans un fil de fer barbelé et avoir atterri encore une fois dans la rivière, nous étions sur le point de rentrer à la maison. Retour qui s'annonçait un peu morose, sans aucun poisson, d'ailleurs.

Soudain, mon père me montra quelque chose qui gigotait sur la berge. En nous approchant, je constatais qu'il s'agissait d'un serpent bien décidé à avaler une truite vivante, truite qu'il avait déjà saisi par la tête.
Mon père s'élança pour sauver la malheureuse et, tel Saint Georges terrassant le dragon, il vaincu le serpent à grand coup de sa "lance-canne-à-pêche". Le dragon mis en déroute s'en alla en zigzagant ( tu me diras, un serpent ça zigzag toujours, mais celui là un peu plus que les autres, vu le nombre de coups de canne à pêche qu'il s'était prit dans la gueule ) sous mes applaudissements.

Et comme nous vivons dans un monde injuste, la truite qui commençait à s'éloigner, un peu sonnée, fut pêchée à l'épuisette, et servit au repas de midi.

Je pourrais continuer comme ça pendant des heures, mais mon histoire s'achève ici. Je sais qu'elle n'est pas " comique ", en revanche, je suis content d'avoir partagé cette petite tranche de ma vie avec vous.

K

ps : Au jour d'aujourd'hui, si je dois vous donner un conseil, c'est bien de partir au moins une semaine dans votre vie à Saint Cirgues!

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