#54 - Les bien bonnes vacances en Espagne bien pourries... By P

Quand on est jeune, qu'on vient de louper son bac (roooh ça va je vous vois rigoler dans le fond là! Je l'ai eu la deuxième fois c'est tout et puis on m'a toujours dit que les années lycée seraient les meilleures de ma vie alors j'ai voulu un peu prolonger ce moment...), on décide de faire des petites vacances insouciantes avec les potos! Et quand un des tes potes te propose:

« Tiens si on faisait le tour d'Espagne en bagnole en campant à l'arrache? » Eh bah tu trouves que c'est une très bonne idée...

Pour pouvoir pleinement  profiter de cette histoire et bien comprendre le personnage de X (oui il faut préserver son anonymat pour que ce demeuré puisse encore avoir des amis), il faut que je vous raconte l'été précédent durant lequel nous étions 4 dans la maison de campagne de X au fin fond de la Creuse...

Oui la Creuse! J'ai bien dit la Creuse! Déjà, le fait que les parents de X avaient une maison de vacances dans le Creuse aurait du me mettre la puce à l'oreille... Qui voudrait partir en vacances dans la Creuse? TOI ? Bien sûr que non… Évidemment... Mais bon, quand tu as  17 ans (et donc pas beaucoup de sous) des vacances dans une grande baraque sans parents (les parents de X, eux, étaient partis en Espagne) c'était plutôt cool dans l'idée.

La maison étant éloignée de tout, le père de X lui avait laissé les clefs de sa Golf afin que nous puissions aller acheter à bouffer et sortir un peu.

Il faut savoir que X est le mec le plus malchanceux, distrait et maladroit de la terre entière....c'est limite maladif... Genre le mec, il est pas du tout mais alors pas du tout né sous une bonne étoile... à sa naissance son étoile a plutôt été du genre à lui chier dessus.

Le dernier soir avant que les parents de X reviennent, nous sommes sortis picoler dans un bar du village voisin. X conduisait et donc était notre Sam de la soirée. Bien entendu, les autres (dont moi hein!) ont tisé comme les sous officiers de l'armée russe durant l'hiver 44 à Stalingrad. Bourrés comme 17 polonais, on se fait reconduire par X. je me trouvais à la place du mort et nos 2 autres potes à l'arrière.

Alors je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance incommensurable d’aller dans la Creuse, mais pour les non-initiés, les routes nationales sont très droites avec un virage de temps en temps, le tout bordé de platanes plantés à 5 mètres d’intervalle.

X conduisait donc, mais à 4h du mat’, il n’avait mis que les feux de croisement. Moi, dans un souci de sécurité, je lui ai dit que, honnêtement, à une heure pareille et au vu de la circulation inexistante, il pouvait largement se permettre de mettre les pleins phares, histoire que l’on voit plus loin que seulement 10m devant la voiture.

Là fut mon ERREUR !!!!!

Ce boulet,  je ne sais pas ce qu’il a branlé (bah oui moi j’étais bourré), mais il en a résulté un arrêt complet des phares et un allumage des essuies glaces…. Autant vous dire que dans la bagnole, les 3 personnes bourrées (dont moi je le rappelle) se sont mises à hurler comme des nonnes devant le sexe de Rocco ! Et au moment où il rallume des phares, la route avait eu la bonne idée de faire un virage et deux platanes sont passés de part et d’autres de la voitures (les coquins). Nous avons fini notre course 3 mètres plus loin en nous plantant dans une mare….

X et moi ne pouvions ouvrir les portes avant sous peine de faire rentrer l’eau saumâtre de la mare à l’intérieur de l’habitacle. Nos 2 potes sortent donc par les portes arrières, je suis, puis enfin X sort… Avant de re-entrer dans la caisse pour prendre les clefs qu’il avait laissé sur le contact !!!! Il ressort et appuie sur le bouton de fermeture centralisée de la bagnole….Celle ci étant en train de s’enfoncer doucement dans la vase, je lui ai dit : « euh tu sais, dans 10 minutes on la voit plus ta golf… Personne ne va te la chourer là où elle est… »

LE PIRE, c’est qu’on s’était plantés à 500 mètres de chez lui !! On finit le trajet à pieds en se disant qu’on gèrera le lendemain, vu notre état… En arrivant chez X, j’ai découvert pourquoi il avait récupéré les clefs. Sur la commode dans l’entrée, trônait un petit mot, laissé par le père de X (connaissant l’absence de bonne étoile de son rejeton), sur lequel était marqué : « X, surtout NE PERDS PAS LES CLEFS ! ».

X a posé les clefs de la voiture sur le mot.

Le lendemain matin à 14h, lorsqu’on se réveille, le père de X nous attendait dans la cuisine, fraichement rentré d’Espagne. Il demande alors à son fiston : « Dis moi, X, j’ai bien trouvé les clefs de la voiture sur le mot mais… où est la voiture ? ».

Je vous passe la magnifique explication de X à son père fulminant, mais fort heureusement c'était la fin des vacances pour nous.

Voilà pour la présentation de X !

L’été suivant, nous décidons donc de partir faire le tour d’Espagne en bagnole avec X et A en campant à l’arrache. Le seul impératif étant que 2 semaines plus tard nous devions remonter sur Perpignan où nous étions invités au mariage de la sœur de X auquel X était le témoin.

Il faut toutefois noter que, au vu de sa maladresse, sa distraction et sa malchance, X avait toujours une banane (vous savez, le truc des années 80 très très moche qui se porte autour de la taille et que les ouech ouechs ont repris car ils n’ont aucun gout…) dans laquelle il mettait tous ses trucs importants pour ne pas les perdre. Sa banane ne le quittait vraiment jamais genre il dormait même avec !!!

Le père de X venait de se racheter une Golf et, bien entendu a refusé de nous la prêter pour effectuer notre road trip… On a du donc acheter une voiture, et quand on est étudiant, qu’on réuni ses sous pour acheter une voiture tout en gardant quand même un peu de sous pour les vacs…. Bah tu roules pas en Mercedes… En l’occurrence, à 1000 francs (oui oui des francs ! donc on a quand même acheté une voiture à 150 € quand tu réfléchis bien), on a eu une magnifique Peugeot 205 noire, full options, avec direction assistée des deux bras, vitres électriques manuelles, climatisation par les vitres ouvertes ! Quand on était pied au plancher, on dépassait à peine le 90km/h !! une poubelle avec des roues et un moteur quoi ! Donc pas d’autoroute, on décide de faire tout le trajet par les nationales et petites routes.

La descente jusque dans le sud de l’Espagne se passe super bien, le seul bémol était la température dans la gova… 50° avec les vitres ouvertes ! On transpirait comme des vierges sur le point de se faire dépuceler…. Une semaine passe tranquille….

X au volant, A à la place du mort et moi derrière avec tout les bagages, la tente et du bordel. Tous les trois en marcel, caleçons, tongs pour pallier à la chaleur. Et vu qu’il ne quittait jamais sa banane, on avait mis tous nos papiers, CB, papiers de la bagnole dans sa banane.

Plus que 6 jours avant le mariage…

Sur une route déserte, X se gare sur le bas coté.

X : Bon les gars ! Faut que je fasse pleurer le monstre, là j’en peux plus je transpire de la pisse tellement ma vessie est pleine !

Alors je précise que je n’ai pas été témoin de ce qui c’est passé au moment où il pissait vu que je discutais avec A dans la bagnole… X nous a raconté ce qui c’était passé durant les heures de garde à vue qui on suivies…  Ouhhhh le spoiler!!!

Donc X sort de la bagnole, fait le tour par l’avant et se met dos à la portière de la place du mort. Mais sa banane le gène. Il essaye de la pousser sur le coté mais vu que celle-ci est remplie ras la gueule de notre bordel il n’arrive pas à la tourner… Ce BOULET décide de vider la poche centrale de sa banane sur le toit de la caisse et une fois son affaire terminée il ouvre la portière de la place du mort en demandant à A se de décaler devant le volant car il en a marre de conduire.

On roule bien 100 km une nationale toute droite, une file dans chaque sens, et là, incroyable, une voiture qui roule devant nous encore plus lentement que nous ! (rappelons que notre voiture dépassait le 90km/h avec beaucoup de difficultés).

A : celle là ! Je me la fais !!

X et Moi (en train de faire les cons) : Vas-y!! bouffe le!! BOUFFE LE !!!!!!!!

On dépasse en déboitant sur la file en sens inverse mais on voit une voiture bleue qui arrive en face !! Notre gova vibrait comme le god d’une nymphomane en fond de slip !

A : JE PASSE QUAND MEME !!!!

Bon on est passé... mais juste… Genre j’aurais pas mis un poil de cul de mouche entre les voitures tellement on s’est frôlé… Moi à l’arrière, je me retourne pour voir si on n’aurait pas envoyé la bagnole qu’on dépassait dans le fossé vu la queue de poisson que l’on venait de lui faire.

Et non le papy au volant allait très bien… En revanche, la voiture bleue qui arrivait d’en face a fait un magnifique dérapage au frein à main afin de faire demi tour et bombarda pour arriver à notre niveau si bien que je pu lire GUARDA CIVILE écrit en blanc sur le coté et j'ai beau de pas biter un mot d'espagnol j'ai quand même compris que c'étaient des keufs...

Les flics avaient baissé la vitre de la place du mort et tapaient sur l’épaule de A en lui criant : « Rangez vous rangez vous !! »

A : les gars qu’est ce que je fais ? Qu’est ce que je fais ?

X (à la place du mort) : Fais comme si tu les avais pas vu ! Fais comme si tu les avais pas vu !

Bon, n’étant pas des bandits, on s’est rangé. Les keufs nous ont demandé nos papiers, ceux de la voiture, l’assurance, limite les carnets de santé… A se tourne vers X, la main tendue, et X ouvre sa banane (vide je le rappelle), devient blême et essaie d’expliquer aux flics dans un espagnol  plus qu’approximatif qu’il a perdu tous nos papiers en pissant.

Comme vous vous en doutez, les flics nous ont embarqués tel des clandestins en laissant tous nos bagages dans la bagnole fermée à clef sur le bord de la route.

Coup de téléphone à l’ambassade de France :

« Bonjour nous sommes trois ressortissant français, nous avons perdu tous nos papiers, permis de conduire, CB blabalabla…. »

Bref ils nous ont fait parvenir des certificats d’identité et de permis de conduire mais on a du patienter 2 jours dans une grande cellule dont la sauvage sobriété des murs nous a appelé à la méditation…

Les flics avec qui au final nous avions sympathisé nous déposent à notre voiture et gros coup de bol, la caisse n’a rien alors qu’on croyait qu’on allait la retrouvée dépouillée.

Plus que 4 jours avant le mariage… Soit faisable… On avait plus de thunes mais le plein d’essence, c’était vraiment jouable.

On redémarre et ON THE ROAD AGAIN !!!

On a peut être roulé… quoi… 800 mètres… Puis de la fumée noire est sortie du moteur et là c’est le désespoir… On a poussé cette put*** de bagnole sur 40 km en plein cagnard… Coup de bol premier village un garagiste ! mais malheureusement le diagnostique a été sans appel… plus de bagnole, coincé avec plus un rond dans le sud de l’Espagne en pleine cambrousse quoi!

Re coup de téléphone à l'ambassade de France: « Allo c'est encore nous... »

Bref, après l'explication de nos déboires d'ordre mécaniques, l'ambassade de France nous as fait parvenir des billets de train de la gare du village où nous nous trouvions en direction de Perpignan mais contrairement à ce que j'avais proposé, à savoir qu'on les rembourse une fois arrivé en France, l'ambassade nous les a offert gracieusement en échange d'une interdiction de séjour en Espagne et ce, pour une durée de 5 ans!

N'ayant d'autre choix, nous avons accepté et l'ambassade nous a envoyé les billets à récupérer à la poste du village à l'aide de nos certificats d'identités précédemment reçus lors de notre séjour en pension complète chez nos amis de la guardia civile.

La poste espagnole est tout aussi réactive que notre poste à nous et les billets on mis 3 jours à arriver, si bien que nous avons pris le train le vendredi à 10h00 et le mariage était le lendemain à 11h00.

Je vous passe le voyage en train omnibus qui s'arrête même à des gares fantômes où personne ne descend ni ne monte...

Il faisait une chaleur du démon dans le train et nous n'étions toujours pas lavés et pas rasés...A un moment, le train s'arrête dans une gare, un peu après Barcelone, toute petite et sur le quai se trouvait un troquet!

X: « Oh! Vous avez entendu? Douze minutes d'arrêt! Y'a un petit bistrot sur le quai, je vais nous chercher des bières fraiches avec les quelques pesetas qu'il nous reste! »

et il descend du train. A se tourne vers moi.

A: « Mais attends...C'était pas douze minutes mais deux minutes... »

Le train commence à repartir, on se met à la fenetre et on voit l'autre boulet sortir ébahi du troquet avec 3 bières dans des gobelets en plastiques, toujours en marcel caleçon tongs et banane!

A noter que les alliances pour le lendemain se trouvaient dans la petite poche avant de sa banane...

On arrive avec A à la gare de Perpignan à 22h00. Après prise de renseignement auprès d'un aimable agent de la sncf, on savait que, de la gare où se trouvait X, il y avait une arrivée à Perpignan à 23h00, 00h00, 02h00 et 04h00.

23h00 : pas de X qui sort du train...

00h00 : Pas de X...

Là, je commençais légèrement à chier mou...

Pedro: «  A je te préviens, c'est pas moi qui préviens la sœur de X qu'on a perdu X.... »

02h00 : Pas de X...

A: « attends mais moi là j'envisage de changer de visage et de pays!!!!! Je ne veux pas voir la sœur de X!!! Elle va nous tuer!!! »

04h00 : X sort d'un des wagons, complètement pété, titubant...

X: « WWWWAIIIIIIIIII les coupains!!!! Gne vous z'aime!! »

Bref, il nous a raconté qu'il y avait eu un espagnol qui lui avait demandé ce qu'il foutait sur la quai de la gare si peu vêtu en compagnie de 3 bières, ils avaient picolé les 3 bières ensemble, puis plusieurs autres coups de gnole locale vu l'état de X et finalement le mec lui avait payer le billet de train pour Perpignan...

Dans l'état où nous étions, nous avons dormi dans la gare, tels des mendiants, pensant que les premières agitations de la gare nous réveilleraient…

Et bien pas du tout ! On s’est réveillé 2h avant le mariage, partis en courant rejoindre la maison de la sœur de X et nous sommes arrivés 30 min avant le début…

La sœur de X, au bord de la crise de nerfs, nous a lancé un bouquet à la gueule quand on a débarqué, traité de clochards et autres noms que je tairais ici…

Bon quoiqu’il en soit, après une douche express pour nous rendre présentable, le mariage s’est très bien passé !

Et si maintenant j’en rigole, sur le moment, quand tout ça vous arrive, et bah ... c’est pas drôle du tout ( voire même un peu triste ).

Pedro