#14 Lendemain de cuite

Alors, je précise que cette histoire va traiter d'alcool.
-----> Je n'en encourage pas la consommation, comme ça c'est dit.

BOIRE C'EST MAL !

Et ça, on s'en rend surtout compte le lendemain matin...

Je pense qu'ils sont peu nombreux ceux qui ne se sont jamais tapé une bonne petite cuite à l'ancienne. Au moment clé, à part les mecs qui ont vraiment abusé et repeint les murs ( ohhhhh ils se reconnaitront ), les deux trois pleurnichards, ceux qui se prennent pour Hercule et ont envie de taper sur tout ce qui bouge, et enfin les derniers qui se croient irrésistible ou subitement doués d'un savoir absolu... bref à part eux, globalement, tout le monde est content.

D'ailleurs, y a un moment où on n'entend plus que 3 phrases légendaires :


X : Waiiiii J'suis complètement BOURREEEEEEE !
Y : T'ES MON COUPAAAAAAAAAAAIN
Z : A POIIILLLLL !

Bref, ça vole pas haut. Mais l'essentiel est que tout le monde rigole, et ça se passe plutôt bien.

Le problème, c'est surtout APRÈS avoir dormi, autrement dit : le moment où tu paies l'addition.
ET PUTAIN, QUELLE ADDITION !

D'ailleurs, le tarif de la gueule de bois est proportionnel à l'age du buveur ( injustice ! ).

A 20 ans, ça dure une matinée, à 25 ça déborde largement sur la fin d'après-midi, à 30, t'en prends jusqu'au sur-lendemain et, d'après ce que j'ai entendu, passé 35 tu casques pendant 2 bonnes journées plein pot.
Autrement dit, plus ça va, moins ça va.

Mais peut importe l'age, l'effet est toujours le même ( et pour tout le monde ).

Donc ... ce jour là, je me réveille d'une soirée ... ardue.

1) Le réveil qui pique.

C'est le moment où l'un des deux yeux s'entrouvre, et j'ai le sentiment d'être un peu comme un ordinateur rebooté par un bourrin ( la prise arrachée et rebranchée ). Le disque dur a des ratées et rassemble difficilement les dernières informations stockées, la mémoire vive est juste TOUT sauf vive, la carte graphique en a pris un coup dans la gueule ( du coup l'image est comme en 3D... mais sans les lunettes ), la carte son a un faux contact, les hauts parleurs grésillent ...

Sérieux, je me sens un peu comme une couche de bébé ( pleine raz la gueule ).

2) La prise de conscience

La voiture est allumée, mais il n'y a personne au volant : je suis sorti du cirage, mais pour le moment, je ne sais même plus comment je m'appelle. La seule chose de sûre, c'est qu'une douleur terrible résonne dans ma tête : j'ai l'impression d'avoir " la compagnie créole" sous le scalp, un jour de carnaval.

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

ELLE DANSE, ELLE DANSE, ELLE DANSE,

AU BAL MASQUÉ...

ELLE NE PEUT PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAS

S'ARRÊTER OHÉ OHÉ OHÉ

...

 K : OHHhhhHhh -- ééééOOoééé ....

Silence

K : Aïeeeheuuuuuuu...

Black out

3) L'animal se réveille une deuxième fois.

Le démarrage à planté, mais heureusement il y a le DOS...  ( cf le truc écrit en blanc sur fond noir, visible à l'allumage de l'ordi. ). Le DOS est à windows ce que la bête alcoolisée au réveil est à l'homme sain et en pleine forme.

Bref, celui qui commence à remuer sous la couette ( moi ) n'est pas encore un être humain. Il tient plutôt de la larve se démenant pour sortir de son jus.

K : Bheuuuuuu, gnai la geeeeeeerbe.

Ça y est ! JE PARLE ! C'est pas glamour, mais au moins, les mots sortent dans le bon ordre. Et ils ne sortent pas seuls, accompagnés qu'ils sont D'HORRIBLES RELENTS MOISIS.

/Manque de tourner de l'œil..

K : AH LA VACHE... Gnelle était sévère gnelle là. Plus jamais d'alcool !

On l'a tous dit ...

Je suis enfin vraiment conscient de ma propre existence, et je suis surtout conscient d'avoir envie de macérer encore un peu.

K : Veux dormir ... encore 5 minutes...

4) Le vrai sortage du lit

4 heures plus tard ( vers 14 / 15 h ), après m'être retourné une bonne centaine de fois au fond du lit, je me lève. Ces 4 heures n'ont servit à rien, j'ai eu chaud, puis j'ai eu envie d'aller aux chiottes, puis j'ai eu re-chaud, puis j'ai fait des rêves à la con, mi éveillé, mi endormi, puis j'ai eu froid ... et tout ça en boucle.

Et bien entendu, malgré deux dolipranes, il y a encore et toujours un de ces bordels dans ma tête...

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

Mais je suis debout !

5) La douche

Alors à ce stade là, ça devient plus personnel, puisqu'une fois debout, je parle un peu à tout, même aux choses non vivantes. Gad Elmaleh traite du sujet dans un de ses sketchs... la différence c'est que moi, ça m'arrive LE LENDEMAIN d'une cuite.

Je pense que c'est parce qu'à ce moment, tous les fils ne sont pas encore bien branchés dans ma tête.

C'est donc la bouche pâteuse que je commencer par discuter avec les fringues que j'ai sur moi.

Enfin, discuter ... insulter, quoi.

K : Chier, ce 'tain gne rognetudju de tee shirt de merde ... Rhoooo tu pues la clope ( comme mes mouvements sont vagues et incertains, je m'emmêle dedans, et du coup je m'énerve ). GNNNnnnniiiii, mais gnu va me foutre la paix, oui ? GnnnNNNNAAAAH !

J'arrache le tee shirt et le jette dans un coin de la salle de bain, mais comme j me suis un peu excité, dans ma tête, ça fait...

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

K : Aïe... bon, calme toi un peu ( oui parce que je me parle AUSSI à moi même ). Gna la doudouche ...

Enjambage de la baignoire, traditionnel coup de pied dans la faillance.

K : ET MERD ----EUUUUUUUUUH ! FAIT CHIER LA BITE HEIN! RHAAAAA !

...

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

K : Gniiiii .... Vite vite vite, viens ici toi ( pomme de douche ) ... AHHHHHHHH PUTE ( eau gelée )

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

K : Pourquoiiiiiiii ?

6) Retour à la normale

Cette douche est vraiment, vraiment importante. C'est elle qui me transforme en homme CIVILISÉ. Du coup, à la sortie ... TADAAM ! TOUT VA BIEN !

Enfin... on va plutôt dire que tout va mieux. Je sens bon, je suis propre, c'est la fête.

Balade dans l'appartement pour découvrir si tout va bien ( en général, oui ) et rapidement, plantage dans le canapé devant la télé. C'est à ce moment que je me rends compte qu'à l'intérieur ( de moi-même ),c'est GUERNICA... Je suis en mode léthargique, j'ai froid et mon estomac est animé d'une vie propre... bref c'est pas la super forme.

La journée ( ce qu'il en reste ) se passe, ponctuée de textos

X : Putain, j'ai la tronche à l'envers...

Y : C'est super chaud, je suis cuité à la racine!

Z : Ça va toi? T'en tenais une bonne hier soir!

Et moi je stagne, toujours dans le même état.

Bon, évidement, l'histoire pourrait s'arrêter là. MAIS BIEN SOUVENT, et c'est le piège, il y a un moment dans cette journée ( après un café par exemple ) où ça va vraiment mieux. ET ça coïncide bien souvent avec ce texto :

"HEY, ce soir, teuf chez moi !"

Et toi, très curieusement, tu y vas, en te disant " boah, j'y passe vite fait. Je rentrerai pas tard et ça me fera prendre l'air "

Et donc,

Le lendemain matin...

AU BAL ! AU BAL MASQUÉ OHÉ OHÉ !

K